CM 5 - Géographie, Un espace social.

Le bocage, un espace social.

A une époque où les changements, les conflits sociaux, les guerres affectent de nombreuses parties du globe, il peut sembler surprenant d'évoquer des sociétés stables qui se pérénnisent d'une génération à l'autre. Ces sociétés ou la régulation se fait sans heurts, sans conflits majeurs sont des sociétés équilibrées.

L'intérêt porté autrefois par les géographes aux régions de bocages était aussi justifié par cette harmonie. Paysage entretenu, marqué par la main de l'homme, calme. Par excellence, les société du bocage ont été des exemple d'ordre social maintenu pendant au moins deux siècles et reproduits toujours à l'identique. Dans les années 30, l'intérêt porté par les géographes français au bocage les a associé à une idée conservatrice. Il n'est pas anodin de remarquer que l'intérêt porté par les géographes à des sociétés stables, rurale leur a attiré le soutient des régimes les plus conservateurs que la France ai connu. Ainsi, il ce n'est pas un hasard si la reconnaissance à part entière de la géographie comme discipline distincte de l'Histoire et comme discipline universitaire est venue de Vichy.

Par réaction, dans les années 1950, des géographes et des sociologues ont été sensibles à ces sociétés immobiles qui sont pourtant assez différentes les unes des autres. Ils ont voulut tester l'uniformité de ces régions de bocages. Ils ont voulu observer d'une région à l'autre des différences sensibles.

Le premier exemple est donné par le Nord Ouest de l'Espagne, la Galice qui se prolonge au nord du Portugal et qui donne un exemple de société égalitaire: forte densité, émiettement des terres. Tout cela conduit à des micro-exploitations de taille identique. Une sorte de démocratie agraire où la subsistance de tous était à peine assurée. Un monde où les contrastes sociaux n'étaient guère apparents. Un monde qui a du trouver son salut dans l'émigration puisque la quantité de terres disponible par famille n'autorisait pas un morcellement extrême des exploitations et certains enfants devaient partir. Cet équilibre s'est récemment modifié suite au retours de ces anciens travailleurs migrants. Fort des revenus qu'ils ont acquis à l'extérieur, ils peuvent se permettre de racheter des petites exploitations ce qui accroit encore la pauvreté relative de ceux qui sont restés au pays et cela entretien d'autant plus le courant migratoire.

Le morcellement des propriétés se retrouve ailleurs, par exemple en Normandie. Là, la structure des propriétés peut aussi donner l'impression d'une sorte de démocratie foncière. Une société de petits propriétaires se partagent la terre. Les propriétés immobilières sont assez rare. La propriété lobilliaire de la terre s'est maintenue depuis l'ancien régime à la faveur d'un système complexe d'alliances matrimoniales le choix des conjoints évite de dilapider la propriété, favorise localement la création de domaines familiaux plus grand et donc recrée une hiérarchie sociale. Dans de très nombreux départements Français, les même familles sorties tout droit de l'ancien régime détiennent le pouvoir jusque dans la dernière moitié du XXè siècle. Ce sont les eléctions locales et municipales les plus récentes qui pour la première fois ont un peu sonné le glas de ces familles noble sorties tout droit de l'ancien régime et assuré un renouvellement du personnel politique local.

Pourtant, l'Ouest de la France a été d'abord une France des notables, des petits Bourgs. Mais si l'on regarde la répartition d'un service comme celui de notaire, on se rend compte qu'il y a une France des notaires. Jusqu'à une date assez récente, il n'y avait pas de notaires dans certaines grandes villes alors que dans tous les bourgs de la France de l'Ouest, les charges notariales s'étaient transmises depuis l'ancien régime.

En Irlande, la présence de pubs dans les bourgs peut sembler anecdotique mais se joue là toute une sociabilité. Dans d'autres pays, les cafés en fournissent l'équivalent.

Très vite, les sociologues du monde rural se sont intéressé à ces régions. Henry Mendras est le meilleur spécialiste sociologue du monde rural. Il a remarqué qu'au début des années 1960, toute la commune avait le même système de référence. Agissait unanimement selon les circonstances, permanence de la pratique religieuse, attachement à l'école. Culte du souvenir de l'insurrection Vendéenne, implantation traditionnelle de la droite. Aujourd'hui c'est très précisément dans l'implantation toujours très forte de l'école Catholique qu'on va trouver une forte résistance à l'uniformisation voulue par l'Etat. On remarque que dans toutes les régions de bocage l'école catholique continue à scolariser prés de la majorité des enfants, l'école publique a pratiquement disparu de certaines régions de Vendée... La scolarisation de l'école Catholique ne s'érode pas alors que la pratique religieuse recule. Ces régions bocagères en France ont correspondu très exactement avec ce que l'on a appelé la droite Bonapartiste. Celle là a eu dans la vie politique de la fin du XXè siècle un représentant en la personne de Jacques Chirac. Les régions de bocages en 1995 ont unanimement préféré la candidature de Jacques Chirac à celle de Jospin ou même de Balladur qui représentait d'avantage une droite Orléaniste. Ce soucis d'autorité s'est très longtemps appuyé sur la pratique religieuse.

En matière religieuse, les situations sont extrêmement contrastés et très variables. La religion a précisément à voir avec la géographie en ce que les frontières d'Etat apparaissent très importantes. Mais les différences nationales continuent à être importante. Exemple, en Irlande, beaucoup plus longtemps et durement que dans d'autres pays l'Eglise catholique a été partie prenante de la vie politique. Des évolutions perceptibles pourraient se faire jour à la mesure de l'ouverture économique et sociale de ces régions de bocage. Précisément, cette évolution apparait plus rapide que l'évolution idéologique. A la campagne subsiste des forces réactionnaires. Il faudrait rappeler à quel point il existe un clivage dans ces régions qui bordent la mer entre ces bocage proprement dit et leurs débouchés maritimes. Entre les société rurales profondément terriennes et la société des ports. Les façades maritimes de ces régions ont très peu compté dans l'économie, dans la société, les populations ont majoritairement tourné le dos à la mer.

Il n'y a guère qu'en Norvège et en Bretagne qu'il existe des ports actifs, reconnus, participants pleinement aux progrès économique. Les sociétés de marins pêcheurs ont constitué un système de valeurs totalement différent de celui des campagnes toutes proches. Les marins pêcheurs ont constitué un système de valeurs autonomes en opposition avec les valeurs dominantes de la société. Ils ont rejeté les valeurs que portaient leurs paysans de pairs. Les marins dans la ville ont leur propre quartiers. Le rythme des marées et des embarquement crée des repères spécifiques dans le temps et l'espace. L'absence des hommes, le rôle fondamental des femmes dans l'éducation des enfants est très caractéristiques et façonne une mentalité particulière qui mène à un repli du groupe sur lui-même. La dureté de la pêche en haute mer a crée très tôt, en particulier dans les ports Bretons une tradition contestataire, d'extrême gauche. L'évolution des pratiques de la pêche a pourtant fait bouger ce monde resté immuable. Cette évolution est déjà ancienne. Elle remonte en France au milieu des années 1970. L'évolution de la pêche a porté un coup fatal aux sociétés autrefois très structurées et enracinées des marins pêcheurs. L'irruption de la navigation de plaisance a ouvert la mer à des gens qui ne s'y aventuraient guère autrefois. Le prestige et le mystère qui entouraient le métier de marin on aujourd'hui disparu. Si prestige il y a c'est bien d'avantage celle de la marine à voile, des sportifs qui font la route du rhum: les skippers. S'efface le souvenir et la présence de la dureté du travail des marins. Les règles du recrutement ont évolué aussi. Jusqu'aux années 1970, le propriétaire d'un bateau de pêche allait dans les familles recruter son équipage. Aujourd'hui, l'industrialisation des pratiques de pêche, le coût d'un matériel de plus en plus sophistiqué ont changé les règles de ce que l'on appelait autrefois le grand métier. Les équipages ont gagné en compétitivité ce qu'ils ont perdu en convivialité. Aujourd'hui même, le spéculation immobilière pousse le touriste à l'achat de la traditionnelle maison de pêcheur. Elle devient résidence secondaire pour les plus fortunés. Le métier de marin pêcheur change fortement et il n'y a plus aujourd'hui que 4 ports de pêche sur le littoral Français. Boulogne sur Mer et trois ports au sud de la Bretagne: Lorient, Concarnot et Le Guilvinec. Les pratiques de pêche se sont modifiées. En interdisant l'accès à ses zones de pêche le Canada a totalement modifié la destination des Grands pêcheurs Français. La pêche dans les mers froides a été fortement réduite. Il s'ensuit donc une modification des lieux et des pratiques de la pêche. Les pêches tropicales prennent une place plus importante que par le passé et la petite pêche tend à l'emporter sur la pêche Hauturière. Plus encore en Bretagne les crustacés constituent un domaine de plus en plus rentable. De plus, les ports Bretons, Lorient en premier se singularisent de plus en plus en tant que ports importateurs: d'aliments pour les animaux ce que suscite le développement extrême des élevages hors sol. A cet égard c'est vraiment une évolution considérable pour les ports puisque le monde des ports tournait autrefois le dos au monde du bocage. Maintenant ils sont très liés. L'opposition traditionnelle entre des régions rurales intérieures, conservatrice, agricoles et des ports industriels, ouverts au progrès et à la contestation politique, tout ceci s'estompe de plus en plus sous l'effet de la politique et de l'évolution de l'économie.

La société du bocage a été ébranlée par les modifications de la structure économique.



Pour ceux qui se posent la question de savoir pourquoi je m'obstine à poster des cours qu'il nous a soit disant donné dans un poly en début de semestre; j'ai fait l'effort de comparer un CM avec son poly de merde et pour moi le CM est bien plus clair, ressemble plus à un cours et moins à un roman que les cours qu'ils nous a donné !

"j'ai fait l'effort de comparer un CM avec son poly de merde et pour moi le CM est bien plus clair"

Putain ouais, je confirme =)'.

C'est vrai que c'est plus clair, et je te remercie de poster ces CM

Mais par contre, le contenu ... J'ai toujours autant de mal à croire ce que raconte ce cher professeur, mais bon, difficile de comparer vu qu'il n'existe personne d'autre que lui pour s'y interesser ^^

Ouais, le problème c'est que tout le monde va avoir à s'y intéresser d'ici quelques semaines

Ce qui me fait peur c'est que si l'on écoute son propos, le CM est inutile, il n'y à rien dedans l'essentiel du cours étant dans le TD. Quand j'ai entendu ça j'me suis posé la question: il a donc vraiment pas conscience que personne glande rien en TD ?

bref, j'attends les partiels avec impatience

Je peux pas te dire pour les TD, je suis allé qu'au premier ... J'attend de pouvoir rendre le travail sur la BD pour y retourner.