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CM 6 - Géographie, Les transformations agro-industrielle.

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Message  jau Mer 16 Fév - 19:18

Les transformations agro-industrielles.

Après avoir présenté les caractéristiques majeures du cadre de vie, il faut remarquer aujourd'hui que ce qui justifie leur étude géographique ce sont les transformations qui les caractérisent aujourd'hui. Peu de régions en Europe et peu de régions agricoles ont été transformées avec la même ampleur que ces régions bocagères. Par exemple avec la pêche. C'est d'abord des transformations agro-industrielles dont il faudrait parler.
Un géographe a parlé de "miracle agricole Breton". La Bretagne est aujourd'hui pour la valeur de sa production la première région agricole de toute l'UE. A l'échelle de la France elle dépasse les régions agricole les plus riches que sont les grandes régions céréalières autour de Paris et les régions de grand vignoble. C'est cette transformation qui a eu lieu dans le dernier demi siècle. Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, la Bretagne était pauvre, surpeuplée, elle souffrait d'une émigration intense. Aujourd'hui la Bretagne ressemble à d'autres régions agricoles de l'Europe: Danemark, Pays Bas, Nord de l'Allemagne ou encore la région de Venise. En Bretagne, seul 6% des nouvelles exploitations agricoles n'abritent ni poulailler ni porcherie. La Bretagne agrricole c'est d'abord l'élevage hors-sol. C'est à dire un élevage dans lequel les animaux sont soumis à une vie particulière.
Il y a d'une part l'élevage des poules et d'autre part l'élevage des porcs.
Les poules se trouvent dans le sud de la Bretagne. La limite passant par Rennes et Quimper. Le grand département associé à l'élevage des poulets c'est le département du Morbihan. Cette caractéristique a été développée après les années 1960. Les industriels de l'agro-alimentaire ont proposés aux éleveurs Breton et aux agriculteurs sans terres ce type d'élevage. Ils apparaissent sous forme de hangars en Béton. Les poulets sont nourris et vivent sans jamais toucher le sol. Jamais ils ne marchent ni ne courent. On s'affranchit donc de l'espace. Les entreprises ont fournis aux éleveurs les bâtiments préfabriqués d'élevage, les premiers poussins et même l'alimentation animale. C'est pourquoi ces régions sont littorales. En effet l'alimentation animale est produite dans des pays du tiers monde. L'alimentation des poulets étant largement fabriquée au Brésil. Tout simplement parce que le marché commun puis l'UE édicte une réglementation extrêmement stricte sur l'alimentation animale et comme le Brésil est plus laxiste, c'est plus simple de se fournir au Brésil. En plus, en Bretagne le développement de l'importation a permis la reconversion d'un ancien port de guerre: Lorient. Celui ci est reconverti dans l'importation de produits d'élevage. Une fois les poulets engraissés, les même camions les récupèrent. Ils sont conduits dans des abattoirs. Les poulets sont électrocutés, pesés, calibrés, découpés. L'abattoir ressemble plus à une usine ultra moderne qu'à l'image que l'on peut s'en faire. La bête arrive vivante et repart en barquettes. Ces barquettes de produits volaillers viennent garnir les étalages des supermarchés. Cette histoire du transport routier est importante car on est affranchis des infrastructures ferroviaires et du coup les abattoirs sont en périphérie urbaine a proximité des échangeurs et des rocades. Cela a eu pour conséquence un développement périurbain très important. Il est très important de considérer que politiquement les régions qui ont choisies l'élevage de poulet sont celles où la droite libérale était implanté depuis longtemps et où le discours libéral sur la productivité pouvait entrainer des émules. Sur les années qui ont suivit 1968, les bretons travaillant dans les abattoirs ont découvert une réalité qui leur était étrangère: le travail à la chaine. L'éleveur de poulet peut avoir l'impression d'être indépendant. En revanche l'ouvrier d'abattoir est soumis aux cadences et à la réalité du travail à la chaine. Finalement, d'un point de vue socio politique la Bretagne du Poulet s'oppose à la Bretagne du Porc.
L'histoire de la Bretagne du porc est différente. C'est essentiellement le Finistère et la Bretagne des côtes d'Armor. Le Nord de la Bretagne est fortement catholique, fortement marqué par le discours du Pape a la fin du XIXème siècle sur l'implication nécessaire dans les réalités sociales et économiques du temps. Dans le Finistère en particulier, très tôt les catholiques vont s'investir dans la vie sociale et politique locale. Cette région va être un des bastions du syndicalisme agricole porté à l'époque par les mouvements d'action catholique: la jeunesse agricole chrétienne. Le pouvoir d'innovation de ces syndicats est extrêmement puissants. Les magasins Leclerc proviennent de Bretagne. Il y avait un besoin de nourrir toute la population après la guerre, région marquée par le programme du CNR. Ainsi, l'élevage porcin n'a jamais été subventionné par l'industrie, c'est le résultat d'une volonté commune des paysans qui ont trouvés en Edouard Leclerc une possibilité de commercialisation. L'élevage porcin a d'avantage obéit à des normes de qualités. En effet, au lancement du concept de supermarché, on ne pouvait se permettre de coller à cela l'image de vente de produits de médiocre qualité. Précisément, si l'on prend l'exemple des communes, a ce niveau la transformation des paysage relatif à l'introduction de l'élevage a été extrêmement rapide.

Dans une commune de taille moyenne en Bretagne il y a l'équivalent de 800 kms de haie. Le remembrement a supprimé une bonne partie des haies et l'élevage hors sol a pu supprimer jusqu'à 60% des haies qui existaient. Les parcelles ont été aujourd'hui largement augmentés. Le remembrement a permis l'apparition d'une hiérarchie sociale dans les campagnes déterminée par la taille des exploitations qui n'existait pas jusque là. Autrefois, la base de la survie des exploitations en Bretagne c'était fournir la nourriture quotidienne. On trouvait du blé, de la pomme de terre et sur les terres les plus mauvaises, le blé était remplacé par le sarrasin. C'était une des bases de l'alimentation. Il y avait aussi de l'élevage laitier et aujourd'hui la polyculture associée à l'élevage a donc été remplacée et les exploitations se spécialisent largement. Ce qui différencie les exploitations entre elles c'est la part que prend l'élevage hors sol. Un tiers associe l'élevage hors sol avec un reste d'agriculture, un tiers complète le hors sol par l'élevage laitier avec une prédominance du hors sol et enfin, un tiers équilibre en réalisant l'inverse: élevage laitier et un peu de hors sol. L'initiative paysanne est donc restée entière: chacun a pu doser la quantité d'élevage hors sol qu'il pouvait pratiquer. Au sud, c'est là très différent, l'élevage hors sol a tout transformé et il règne en maitre à l'exclusion d'autre chose. On peut considérer qu'au Nord de la Bretagne subsiste une organisation de paysans indépendants alors qu'au sud les paysans sont les employés d'une grande firme alimentaire. Il en va aussi des circuits de commercialisation. Au nord de la Bretagne, rôle des hypermarchés, des marchés qui organisent la vente des animaux alors que pour la commercialisation de la Bretagne, tout échappe totalement aux producteurs. Au nord de la Bretagne, il y a une rationalisation du paysage agricole et probablement une disparition des exploitations. La modernisation, l'apparition de l'élevage, la disparition de la polyculture ont entrainé la disparition de plus de la moitié des exploitations. Globalement, cette disparition des exploitations a entrainé l'augmentation de la superficie moyenne de chaque exploitations. Apparition de l'agriculture d'exploitation de taille moyenne intensive. En conséquence, ombre au tableau: l'intensité de la pollution de la nappe phréatique. La Bretagne était réputé pour ses eaux extrêmement pure. Aujourd'hui, on a des taux alarmants de pollution. On voit mal ce qui pourrait permettre de revenir en arrière. En effet, l'élevage hors sol a eu des conséquences extrêmement positives sur l'évolution démographique de la Bretagne et l'exode rural a finalement été endigué. Certes, la croissance naturelle est moins forte qu'au XIXème siècle mais la Bretagne globalement présente une exception de communes très peuplées où la totalité de la population est quasiment urbaine. Toutefois, le modèle agricole Breton épargne certaines zones et ne s'est pas exactement étendu à la région tout entière. Certains secteurs de Bretagne intérieure qui étaient depuis longtemps gagnés aux idées avancées et qui étaient même jusqu'à la seconde guerre mondiale parmi les foyers du communisme rural en France, certaines régions ont refusé toutes les initiatives. A la fois celles de l'Eglise et celle des grands groupes de l'industrie agro-alimentaire. Il y a donc tout un espace qui conserve encore les traits traditionnels de la Bretagne d'avant guerre avec des micro-exploitations, des haies et la traditionnelle polyculture. Il est intéressant de remarquer que dans ces zones, la contestation écologique prend le relais de l'ancien communisme rural. Ces zones correspondent aux limites actuelles du parc naturel régional du parc d'Armorique, d'une sorte de conservatoire de ce qu'était la Bretagne avant la seconde guerre mondiale. Conservatoire entretenu avec autant de soin qu'aujourd'hui, le débat sur le remembrement reprend du poil de la bête. Les considération du rôle écologique de la haie avaient été soigneusement été mise sous silence. Aujourd'hui le débat est de nouveau d'actualité et certaines communes peuvent arguer du bienfait écologique du maintient de la haie. Autre argument en faveur du maintient du paysage traditionnel est fournis par la bande littorale: l'Armor. Depuis longtemps la douceur du climat justifie la culture du primeur (Bretagne de la fraise, du haricot blanc, du choux fleur...) des productions agricoles qui font le renom de la Bretagne avec des labels... Là on ne veut pas entendre parler du hors-sol, de la pollution des nappes. D'autant que cette Bretagne est celle du tourisme. Là où apparait une réalité extrêmement claire c'est que vu les nuisances visuelles, sonores, olfactives de l'élevage hors-sol fait prendre conscience qu'il chasse le tourisme partout où il s'est implanté. On imagine pas pouvoir camper, on imagine pas pouvoir se promener dans des régions d'élevage et le saccage du paysage entraine immanquablement une limitation actuelle du développement du tourisme. Les autres régions bocagères ont ignoré ce problème. Cela correspond donc à un phénomène extrêmement limité dans l'espace.
Ce qui a pu apparaitre comme une panacée au lendemain de la guerre n'apparaît aujourd'hui que comme une réponse possible mais qui n'est viable que si elle l'est spatialement.

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